La pendule

oh la nuit à engueuler la pendule et le temps

oh la nuit si bleue et tranquille

oh la nuit pour être seul et se dire que l’on a réussi

son indépendance

la nuit que l’on croit libre et qui par son envoutement

vous pousse à détester le monde

oh la nuit la nuit la nuit

Pierre Vandel Joubert décembre 2022

Lunes

des lunes dans les nuits

et histoires idiotes

je glisse un souvenir

je tend à répondre aux couleurs

les couleurs tendres de ton cœur

c’est un drapeau hissé au rouge

au vent des solitudes

je suis un marin de la place Krazucky

fier de raconter à ceux qui veulent entendre

j’ai fait le tour du monde des narquois

au bar des Cascades

sans rappel j’ai escaladé les parois du K2

vers le mont Darty boulevard de Belleville

rampant jusqu’au matelas de l’Himalaya

des lunes dans les puits

à la foire au spot

je glisse un souvenir

je me prends à tondre les douleurs

les douleurs tendres de ton cœur

c’est un crapaud tissé qui bouge

au vend des certitudes

je suis un malin de la place du Danube

fier de raconter à ceux qui veulent entendre

j’ai fait l’indien et l’iroquois

au bar des Mésanges

sans appel j’ai traîné sur l’asphalte de l’A2

vers Onnaing et Sebourg pas loin de Lille

rampant jusqu’à ton duvet d’oie

des lunes et des lustres

sans toi

Pierre Vandel Joubert décembre 2022

Bricorama

je n’ai plus rien

j’ai tout

à chacun

les fantômes sont ici

devant le miroir

je ne veux plus et je n’ai rien

au matin je suis seul

j’ai fait le ménage

dans la plume des heures

et de l’édredon

je n’ai plus rien

au top d’un verre d’alcool

j’ai vendu ma patrie

pour l’amour d’un soir

une douce caresse

je ne veux plus et je n’ai rien

dans les décombres

insalubre au sabre cassé

je ne suis plus capable

de monter plus haut

la cavalerie attendra

sur la tombe ma mère tombée

mon père au ciel

espère

les grands silences

je n’ai plus rien

juste ton regard de poussières

“c’était pour toujours”

au rayon du Bricorama

vis et mortaises abrégées

je n’ai plus rien

j’ai tout

à chacun

les fantômes sont ici

devant le miroir

savante mélancolie

j’ai de quoi monter le silence

des fleurs

des fleurs

je veux plus que toi

Pierre Vandel Joubert décembre 2022

En épuisement

en épuisement des mots de bouches

j’imagine les peaux tendues

au bar sans un sens

je reprends un verre pour me perdre

c’est le capitaine qui séduit les orages

et qui tue les errances

tu me dis que tu es libre

l’horizon prépare les tempêtes

et sur le vieux matelas

nos vins de la soirée s’entrejambent

je repeins les murs en blancs

pour oublier mes peines

j’imagine en toi le bourdon des nuits

celui qui trahit l’illusion des jours

je perds

pendu au goût des écumes

assis sur le sable

j’imagine tes yeux

je perds le temps

c’est le capitaine

Pierre Vandel Joubert novembre 2022

D.D

à Daniel Darc

avec Daniel j’ai repris possession

vers Manin en bas des buttes

d’une nouvelle ambassade

je cuisine ma nouvelle vie

celle des heures obscures

à étancher ma soif de mots

quittance de loyer en berne

je braguette des phrases à l’ombre du frigo

en écoutant les fantômes

ça rode désormais dans les nouvelles rues autour

Belleville me fait un peu la gueule

depuis que je l’ai quitté comme une salope

mais maintenant toubib rayé de l’ordre

j’exerce sur les bêtes malades

avec des sons tordus et des crayons cassés

dans un monde qui a tout l’air de plus en avoir

j’aimerais bien pleurer parfois

mais la sécheresse est générale

“à la tienne Daniel !

tenir encore un peu pour voir la nuit

Pierre Vandel Joubert novembre 2022

Ici

d’une couleur à l’autre

j’enjambe la lune

comme une idée impériale

l’univers se clos

sur tes paupières fermées

j’ai bien l’idée

parfois de te parler d’une lumière

qui s’est échappée du temps

je la vois en reflet

sur la pulpe de tes lèvres

” l’immensité commence ici “

Pierre Vandel Joubert octobre 2022

Danube

Danube

je passe sur le fleuve

vers le bas des buttes

je fais de mon errance

un geste d’avenir

entre Danube et Ourcq

j’ai souvenir de la beauté

je saute de quartiers

Paris en fond d’âme

petit pion de la grande ville

incertain de mon reflet

dans les matins des rues

je croise

goudronné de chiendent

de nouvelles foules

Pierre Vandel Joubert 2022